Quand les géants du web se lancent dans l’EdTech et le Digital Learning

Edtech

L’écocystème Edtech 

Instagram :

Le réseau de partage de photos, utilisé par plus de 800 millions d’utilisateurs fin septembre 2017  devrait se doter d’une fonctionnalité permettant aux écoles et aux universités de créer des ‘stories’ collaboratives. Pour rappel, le terme ‘story’ désigne l’ensemble de photos/vidéos (et désormais sondages) qu’un utilisateur d’Instagram laisse voir à sa communauté pendant une durée de 24h. Cette découverte est dûe à une ingénieure, Jane Manchun Wong, connue pour déceler dans les codes des grosses applications, les nouvelles fonctionnalités. L’idée étant de connecter de façon ludique les étudiants, les enseignants et l’administration. Le risque de voir cette fonctionnalité devenir un support de cyber-harcèlement a été pris en compte par Instagram qui aurait fait en sorte qu’une vérification manuelle vienne limiter un tant soit peu ce problème. Pour l’instant, Instagram n’a pas encore fait de commentaire à ce sujet, ce qui n’est pas forcément à considérer comme une négation de leur part, puisque d’autres fonctionnalités récemment mises en place n’ont elles non plus, pas fait l’objet de commentaires.

 

Facebook :

Continuons tant qu’à faire dans la famille Facebook (qui inclue Instagram).  Fin mars, un article du site UberGizmo indiquait que Facebook travaillait lui aussi sur une plateforme de type Slack afin de réunir des élèves entre eux.

Mais il est une autre démarche de Facebook , qui est déjà elle, lancée et implantée : c’est Facebook BluePrint, qui permet de se former au marketing Facebookien.

facebook blueprint

Le plus dérangeant c’est la façon dont va être proposé l’examen en vue de la certification. L’an dernier, voici ce qu’un apprenant a raconté de son expérience d’examen Facebook Blueprint sur Reddit (je vous assure, c’est édifiant) :

« When you take the exam you’ll have to download a program that takes over your computer and your webcam must be on at all times so the online proctors can see you. When you register for the exam Facebook will send you a list of instructions on how to prep your test environment—READ IT. They are very serious about taking the exam on a sanitized desktop. That means the only thing on your desk should be a laptop, a glass of water is forbidden. Take the test when you are home alone, anyone who walks in your room can lead to disqualification. When you load up the test your webcam will connect to a proctor who will ask you to take your webcam and do a room scan. They will check everything from your desk, to the ceilings, and even ask you to roll up your sleeves. You cannot see the proctor, you’ll only hear him. »

(Témoignage à retrouver dans son intégralité ici.)

Passons outre sur le règlement ridiculement restrictif, mais il est donc question d’une personne de chez Facebook qui prend le contrôle de votre ordinateur et de votre webcam pour s’assurer que vous ne trichiez pas pendant l’examen. Voilà voilà… Mais bon au vu des commentaires, je suis la seule à être… très mal à l’aise à cette idée.

Cela étant, cette orientation digital learning s’explique assez bien : Facebook est un réseau vieillissant, ayant du mal à attirer les jeunes qui le délaissent pour Instagram, SnapChat et dernièrement TikTok. Ce changement de cible doit donc être accompagné de nouvelles fonctionnalités, plus adaptées.

Linkedin :

Linkedin est à priori le réseau social le plus légitime à s’aventurer sur le terrain du digital learning. Linkedin Learning (puisque tel est le nom) propose une palette de formations, nettement plus large que l’offre présente sur par exemple Facebook.

linkedinlearning

Trois choix de catégories sont proposées : ‘Business’, ‘Créativité’ et ‘Technologie’. Chaque catégorie est elle-même partagée en trois entre ‘Sujets’, ‘Logiciels’ et ‘Cursus d’apprentissage’.

L’avantage de Linkedin Learning, c’est qu’en se basant sur votre réseau professionnel, et vos précédentes expériences, les propositions de formations ne tombent pas totalement à côté de la plaque. Qui plus est, contrairement à Facebook Blueprint, ces formations ne sont pas auto-centrées Linkedin.

Des questions qui s’imposent :

Les petites structures sont elles en danger face à l’intérêt des GAFA concernant le digital learning et l’EdTech ? Oui et Non. En tout cas en Europe. Ces structures ont déjà dans le passé été fragilisées par leur utilisation des données personnelles (coucou Facebook) cela peut donc être compliqué pour eux de s’implanter réellement en Europe, de passer outre la méfiance qui existe à leur égard (exacerbée depuis la mise en place du RGPD). Qui plus est, se pose la question de la valeur de l’intérêt d’une certification Facebook. Est elle réellement Cela étant dit, pour les petites structures, il serait quand même avisé de surveiller les innovations en provenance de la Sillicon Valley. Lors de sa conférence ‘Comment faire confiance aux apprenants ?‘, Stéphane Diebold, président et directeur de l’AFFEN (Association pour la Formation en Entreprise et les Usages Numériques) insistait sur l’importance pour les experts aujourd’hui de s’adapter voire même d’anticiper les besoins des apprenants sous risque de se faire dépasser par les GAFA…

 

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