Le concept, souvent associé au monde de la science-fiction peut faire peur : peur de voir l’intelligence artificielle remplacer l’intelligence humaine, peur d’être surveillé et de voir ses données comportementales utilisées dans un but commercial etc.
Qu’est ce que l’ IA ou le ‘machine learning’ ?
C’est quoi l’intelligence artificielle?
Nous avons dans un post précédent, abordé l’adaptive learning qui s’appuie lui aussi sur la collecte des données. Il est vrai que la frontière entre ‘adaptive learning’ et intelligence artificielle peut sembler bien mince, mais l’intelligence artificielle va plus loin. Elle analyse une situation donnée, et évolue d’elle-même selon son expérience.
L’ IA (ou machine learning) n’est pas forcément liée au secteur de la formation. On la retrouve par exemple de plus en plus dans les secteurs professionnels comme la santé, la finance, la cybersécurité etc.
Mais précisément, dans le secteur du e-learning?
Dès la rentrée prochaine, l’école parisienne de l’ESG Business School va mettre en place le logiciel ‘Nestor‘ développé par la société LCA Learning. Ce logiciel collecte des données, analyse une vingtaine d’attitudes faciales de l’apprenant (par exemple, le mouvement de ses paupières et de ses sourcils) et ciblera son questionnaire sur les parties du cours où il aura été jugé inattentif (Big Brother is watching you…).
Pour l’instant le logiciel devrait s’appliquer aux MOOCs. La raison étant que le fondateur de LCA, Marcel Sauset, estime que: « Le problème avec les MOOCs, c’est qu’ils ne marchent pas. […] ça fait 10 ans que nous encourageons le e-learning et aux Etats-Unis, ça fait 25 ans. Mais ça marche toujours pas. » Ce point de vue suppose que le faible taux d’achèvement de la formation par les apprenants est synonyme d’échec des MOOCs. Comme nous l’avons vu précédemment dans l’article « Comment maintenir la motivation des apprenants » , cette vision est assez discutable puisque les MOOCs proposent des formations où chaque apprenant a des attentes spécifiques.
On pourrait également citer les chatbots (contraction de ‘chat’ et de ‘robot’), c’est-à-dire des programmes capables de discuter avec l’utilisateur, tels que ‘AskMona‘ ou bien encore ‘Peter‘.
*’Ask Mona : Lancé en mars dernier, AskMona est un chatbot qui propose de personnaliser l’offre culturelle parisienne selon les préférences du mobinaute (préférences de géolocalisation, préférences culturelles et préférences budgétaires).
La cible? Les 18-34 ans. D’une part parce que c’est cette tranche d’âge qui est la plus susceptible d’utiliser Messenger, la messagerie Facebook sur laquelle se base ‘Ask Mona’, et d’autre part parce que c’est précisément cette cible que tente d’attirer les musées et autres instances culturelles. Ce projet, qui rebat les cartes de la médiation culturelle classique a reçu le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication qui l’a désigné comme faisant partie des lauréats de son appel à projets ‘Services numériques innovants 2016’.
*’Peter‘ était un chatbot qui, tout comme ‘Ask Mona’ s’appuyait sur ‘Messenger’. Il avait été mis en place en novembre 2016 afin d’aider les élèves de la 6ème à la Terminale dans leurs devoirs. Derrière le personnage de Peter (Pan, très clairement), on trouvait des professeurs certifiés qui faisaient office de tuteurs auprès d’élèves en difficulté. Le fait est que l’aide aux devoirs n’est malheureusement pas un pré-requis dans toutes les familles (par manque de temps, et/ou manque de connaissances) et c’est donc naturellement que ce sympathique robot a rencontré un succès conséquent.
Vers une ère de robots?
A priori, le remplacement de formateurs/enseignants n’est pas à l’ordre du jour. L’humain sera toujours doté de qualités que l’on ne retrouvera pas chez une intelligence artificielle : la créativité, l’empathie ; en bref, l’intelligence sociale et émotionnelle.
Dans le cas de Nestor, c’est très net : le logiciel n’est pas en mesure de dispenser le cours ni d’interagir directement avec l’apprenant. L’IA est plus dans un rôle de tuteur, qui vient en fait ‘épauler le formateur’ (l’informer en temps réel sur les difficultés de l’apprenant, l’aiguiller vers des parties de cours qui peuvent être perçues comme rébarbatives). Du côté de l’apprenant, l’intérêt étant d’avoir un suivi plus réactif mais surtout plus personnalisé. Néanmoins, des réflexions sont à apporter quant à l’aspect parfois quelque peu intrusif de l’IA.