Lors de la conférence ‘Comment faire confiance aux apprenants ?’ qui s’est tenue lors du salon eLearning le 21 mars dernier, Stéphane Diebold, président et directeur de l’ AFFEN ( Association Française pour la Formation en Entreprise et les usages Numeriques ) a donné des pistes sur les moyens que les sociétés peuvent mettre en place afin d’assurer, au XXI ème siècle, le pilotage de leurs formations.
Le secteur de la formation, comme beaucoup de secteurs impactés par le numérique, a considérablement changé. On peut même parler d’un tsunami numérique.
Par exemple aujourd’hui, nul besoin de l’entreprise pour apprendre l’anglais (avec l’exemple de Duolingo ou de Babel). Les contraintes qu’étaient le budget et l’autorisation de l’entreprise n’existent plus.
D’une façon générale, si au XXème siècle, c’était la figure de l’expert qui dominait, au XXIème siècle, c’est l’inverse. L’apprenant est au coeur même du dispositif. On assiste en fait à une chute des élites. C’est désormais à l’expert de s’adapter, voire même d’anticiper les attentes de l’apprenant.
En effet, si absence d’anticipation, il est probable que les sociétés se fassent un jour dépasser par les GAFA (les Géants du Web dont par exemple Google) qui inévitablement, investiront tôt ou tard dans la formation (notons que des initiatives du côté de Linkedin et de Facebook existent déjà).
Pour mieux anticiper cette transformation de la formation (puisque l’on passe finalement d’une forme à l’autre), les responsables formation ont tout intérêt à prendre en compte certains ‘indicateurs’, et notamment l’indicateur relationnel :
A la fin des années 80, en 1988 précisément, Donald Norman, vice-président des technologies avancées d’Apple, parlait alors d’UX (User Experience). Appliqué au domaine de la formation, le terme a donné le ‘Learner Experience’ (LX pour les intimes). Le Learner Experience implique non seulement une expérience sociale de l’apprenant mais également une certaine pro-activité dans son processus de formation avec des modules qui sont en adéquation avec ses connaissances de départ, ses objectifs. Le responsable formation doit en fait devenir designer de la formation.
Mais il ne s’agit pas du seul rôle que le responsable formation doit endosser afin de mieux anticiper cette transformation. Il doit en effet :
– érotiser ses formations, du moins, les rendre désirables
– tel un data analyst, savoir tirer profit de la data obtenue
– devenir un marketeur de la formation, en conférant à la formation une dimension sociale, par exemple en créant sur Linkedin une communauté d’apprenants.
Qui plus est, le responsable formation se doit de prendre en compte l’impact de l’émotion dans le processus d’apprentissage.
En fait, pour suivre cette transformation, le responsable formation doit gérer la relation apprenante (en amont, pendant et après la formation) afin qu’une relation basée sur la confiance émerge. D’un point de vue économique, on applique la théorie de la ‘Longue Traîne’ : en devenant ‘unique’ on prend des parts de marché qui nous ressemblent, quand les plus grands (Google et cie) récupéreront le gros des parts.