Histoire de l’Education : le XVIIème siècle

Histoire education

Nous avons vu précédemment quelles étaient les évolutions qu’avaient connu le secteur de l’éducation pendant l’Antiquité Gréco-latine, au Moyen-Age et pendant la Renaissance. Nous allons donc voir comment était envisagée l’éducation, et d’une façon générale, la transmission de savoirs au XVIIème siècle.

Avec l’arrivée de l’imprimerie et de l’humanisme (apportant de fait une nouvelle conception de l’éducation), l’école se démocratise et se structure.

  • L’enseignement primaire et secondaire :

L’écrit a acquis une place importante, sans pour autant faire disparaître l’oral, héritage du Moyen-Age. On assiste également à une démocratisation de l’éducation pour deux raisons : la première étant la volonté pour certaines classes sociales, de légitimer leur ascension sociale, économique ou spirituelle. La seconde raison, concerne elle les enfants défavorisés et cherche à lutter contre le vagabondage et la mendicité perçus comme un danger pour l’ordre public. Il devient donc nécessaire de transmettre un enseignement moral, religieux afin que soient respectés l’ordre, la foi, et la prospérité.

Se pose alors la question du financement de l’éducation de ces enfants défavorisés. Certains hôpitaux britanniques ouvrent des écoles, mais le nombre d’enfants acceptés reste néanmoins limité. Lyon ne se base pas tout à fait sur le même modèle. En 1666, Charles Démia propose aux autorités locales un plan d’éducation populaire, qui va se concrétiser avec l’ouverture d’écoles de charité. A sa mort en 1689, la capitale des Gaules compte 16 écoles de charité qui accueillent non seulement les garçons défavorisés mais également les filles. Précisons bien que la volonté d’envoyer ses enfants dans ces écoles n’a rien d’évident pour les familles qui jusqu’à présent pouvaient leur demander d’aider entre autres, dans les tâches domestiques et aux champs. Et ce constat s’applique également aux filles. Les signatures sur les registres d’état civil indiquent que si, au début du siècle dans le faubourg de Montmartre, 86 % d’hommes signent leur testament, ce chiffre descend à 36 % pour les femmes. Ce chiffre augmente néanmoins dans le quartier des universités, puisque c’est près de 97 % des hommes en mesure de signer leur testament contre 54 % des femmes.

Encore une fois, l’éducation des filles n’est clairement pas une priorité. L’enseignement n’est pas mixte. En France notamment, des institutions comme celles des Ursulines accueillent autant des jeunes filles de bonne famille que des jeunes filles provenant de familles défavorisées. Néanmoins, ces deux catégories de classes sociales ne se côtoient pas. De l’autre côté de la Manche, des pensionnats ouvrent à Londres, Oxford où Manchester, dans lesquels les étudiantes restaient entre sept et quinze ans. Leur était alors enseigné l’écriture, la lecture, les langues étrangères, la couture et bien évidemment la religion. Bien sûr, des voix contraires, comme celles de Fénélon, s’interrogent sur cette importance d’éduquer également les filles : « Rien n’est plus négligé que l’éducation des filles. La coutume et le caprice des mères y décident souvent de tout: on suppose qu’on doit donner à ce sexe peu d’instruction. L’éducation des garçons passe pour une des principales affaires par rapport au bien public; et quoiqu’on n’y fasse guère moins de fautes que dans celle des filles, du moins on est persuadé qu’il faut beaucoup de lumières pour y réussir. Les plus habiles gens se sont appliqués à donner des règles dans cette matière. Combien voit-on de maîtres et de collèges! combien de dépenses pour des impressions de livres, pour des recherches de sciences, pour des méthodes d’apprendre les langues, pour le choix des professeurs! Tous ces grands préparatifs ont souvent plus d’apparence que de solidité; mais enfin ils marquent la haute idée qu’on a de l’éducation des garçons. Pour les filles, dit-on, il ne faut pas qu’elles soient savantes, la curiosité les rend vaines et précieuses; il suffit qu’elles sachent gouverner un jour leurs ménages, et obéir à leurs maris sans raisonner. On ne manque pas de se servir de l’expérience qu’on a de beaucoup de femmes que la science a rendues ridicules: après quoi on se croit en droit d’abandonner aveuglément les filles à la conduite des mères ignorantes et indiscrètes. »

En ce qui concerne l’enseignement secondaire, les universités ont tendance à ne plus attirer autant que pendant l’âge d’or qu’avait été pour elles le Moyen-Age et le XVIème siècle. Pour devenir un ‘honnête homme’, vont par exemple être privilégiés les académies équestres qui proposaient l’apprentissage de l’équitation certes, mais aussi de la danse, de l’escrime, l’art des fortifications etc.

  • La formation professionnelle :

Les corporations héritées du Moyen-Age, sont encore la voie principale pour se spécialiser dans une voie professionnelle. Cela étant dit, il existait également d’autres façons de se spécialiser.

Parmi elles, le passage à l’hôpital de La Trinité qui accueillait de jeunes orphelins, les éduquaient sommairement et leur permettaient d’entrer en apprentissage avec les ouvriers engagés par l’hôpital.

Seconde possibilité, l »allouage’. Le principe était similaire à celui des corporations (un adolescent suivait sa formation professionnelle auprès d’un artisan ou d’un marchand) mais le contrat passé devant notaire différait en un point : le futur professionnel n’avait aucune qualification au regard des corporations, le condamnant finalement à une activité souvent illégale

Troisième possibilité, passer par les manufactures royales, comme celle de la manufacture de tapisserie des Gobelins. Le concept était encore une fois similaire à celui observé au sein des corporations, à l’exception près : les commandes étaient destinées aux cadeaux diplomatiques et aux résidences royales. Pour bien marquer cette différence de clientèle, les apprentis portaient le titre d’apprenti du roi’.

Enfin, dernière façon de se professionnaliser, passer par certaines institutions comme l’Hôpital Général. Fondé sur ordre du roi en 1656, celui-ci abritait quantité d’enfants qui suivaient l’enseignement d’un éducateur, responsable de beaucoup d’élèves. C’est d’ailleurs ce point qui différencie principalement ce système du système de corporations, qui permettait une formation individualisée et contractualisée.

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